Remaniement ministériel, réforme du permis ? | Permis de conduire

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Le remaniement ministériel issu des élections municipales, et le remplacement de Manuels Valls par Bernard Cazeneuve au ministère de l’Intérieur, fait resurgir la question de la réforme du permis de conduire.

En attendant l’annonce officielle des conclusions du groupe de réflexion sur le permis de conduire du Conseil national sur la sécurité routière, qui devraient nous parvenir dans les jours qui viennent, voici quelques pistes de réforme évoquées.

Le renforcement du permis probatoire

  • A l’heure actuelle, tout premier permis de conduire est suivi d’une période probatoire de trois ans (deux ans pour ceux qui ont suivi une formation en conduite accompagnée) où le permis de conduire est doté de six points, au lieu des 12 ordinaires.
  • Une des propositions évoquées, qui ressemble fortement à celle de Jean-Christophe Fromentin, député UDI, est de renforcer la période probatoire avant de délivrer le permis de conduire, en imposant aux jeunes conducteurs une formation en auto-école même après s’être présentés à l’examen pratique, assortie d’un ou de plusieurs rendez-vous pédagogiques pour les sensibiliser davantage à la sécurité routière. En contrepartie, la période probatoire serait réduite de trois à deux ans (un an pour les élèves ayant suivi une formation en conduite accompagnée).

La conduite accompagnée à partir de 15 ans

  • Pour l’instant, la formation au permis de conduire (catégorie B) est accessible en conduite accompagnée aux jeunes dès 15 ans, qui doivent suivre une formation traditionnelle en auto-école puis parcourir au moins 3 000 kilomètres en au moins deux ans, et se faire suivre par leur auto-école à travers au moins deux rendez-vous pédagogiques.
  • Une deuxième proposition évoquée est d’avancer l’âge du début de la conduite accompagnée à 15 ans et d’augmenter le nombre de kilomètres à parcourir à 4 000. Les arguments principaux mis en avant pour justifier cette possibilité sont que l’expérience supplémentaire acquise par le jeune conducteur réduirait fortement le risque d’accident et augmenterait le taux de réussite à l’examen pratique du permis de conduire.

Réduire les délais de passage de l’examen pratique du permis

  • 86 jours sont actuellement nécessaires en moyenne pour avoir une date de passage de l’examen pratique du permis de conduite en préfecture. Les élèves, comme les auto-écoles, considèrent ce délai trop long, et pour cause ! Le permis de conduire est souvent synonyme d’indépendance, voire d’emploi.
  • La dernière piste majeure de réforme du permis de conduire est déjà partiellement connue : Il s’agirait d’augmenter le nombre total de places d’examen ; le nombre d’inspecteur serait augmenté grâce à l’appel des inspecteurs à la retraite (notamment pour surveiller l’épreuve du code de la route et libérer les inspecteurs qui s’en chargent actuellement) et en recrutant de nouveaux inspecteurs du permis de conduire (dont les postes seraient financés grâce à des timbres fiscaux).

Le permis de conduire, un processus opaque pour l’élève

Les mesures d’urgence mises en place par Manuel Valls pour réduire les délais d’attente de places d’examen du permis de conduire doivent encore produire leurs fruits. C’est à l’aube de ces propositions, également faites par le groupe de réflexion sur le permis de conduire du Conseil national sur la sécurité routière, que dépend la viabilité des propositions évoquées ci-dessus.

Toutefois, si l’on peut espérer qu’un groupe rassemblant fonctionnaires, experts, auto-écoles et usagers aboutisse à des pistes de réformes utiles, deux éléments sont cruellement absents des propositions initiales :

  • A l’image de la conduite accompagnée, la conduite supervisée permet également d’acquérir une certaine expérience de la conduite à partir de 18 ans puisqu’au moins 1 000 kilomètres sont à parcourir avant de se présenter à l’examen pratique du permis de conduire. Si l’expérience du jeune conducteur renforce la sécurité routière, pourquoi la conduite supervisée ne fait-elle pas l’objet d’une attention accrue au sein du débat sur la réforme du permis de conduire ?
  • Les auto-écoles souhaitent avant tout le recrutement d’inspecteurs du permis de conduire supplémentaire. Cependant, du débat de fond, leurs contre-propositions se font attendre : Les moniteurs sont en contact permanent avec les inspecteurs du permis de conduire et observent l’évaluation de leurs élèves - quelles sont leurs suggestions ?

Du reste, que dire du prix du permis de conduire, de l’absence de transparence de certaines auto-écoles qui ne les affichent que partiellement ou pas du tout (selon une étude de l’association Consommation, logement et cadre de vie), des contraintes financières des auto-écoles (qui ne sont pas incitées à recruter sur le plan fiscal), et de l’absence d’un indicateur qualitatif fiable sur leurs performances (le taux de réussite n’étant qu’un indicateur partiel) ? Dispose-t-on d’une étude sur la sécurité routière identifiant le nombre de kilomètres à parcourir en auto-école ou en conduite accompagnée/supervisée pour être un conducteur responsable et autonome ? Toutes ces questions méritent des réponses, et Quelpermis espère les trouver dans les explications des futures propositions du groupe de réflexion sur le permis de conduire.

En attendant, tout futur conducteur n’a qu’une véritable possibilité pour trouver une auto-école qui lui offrira une formation solide à la conduite, pour le préparer à l’examen pratique et à la sécurité routière : les comparer !